08 mai 2010

Enquête nationale oiseaux marins nicheurs, saison 2...


Enquête nationale oiseaux marins nicheurs, saison 2

Un nouveau recensement national des oiseaux marins nicheurs de France a débuté en 2009, sous la coordination du GISOM (Groupement d’Intérêt Scientifique Oiseaux Marins), relayé par d’autres structures au niveau régional et départemental. La collecte des données, programmée sur la période 2009-2011, est assurée par de nombreux observateurs, majoritairement bénévoles mais aussi professionnels, appartenant à diverses associations et autres organismes.

Les dénombrements concernent 28 espèces à reproduction régulière en France et quelques espèces occasionnelles. Les plus rares ne se reproduisent que dans un ou deux départements (pingouin torda, sterne de Dougall) alors que les plus répandues sur le plan géographique se reproduisent dans une quarantaine de départements (mouette rieuse, goéland leucophée, sterne pierregarin).

Elles sont toutes protégées au niveau national et plusieurs d’entre elles sont inscrites à l’annexe I ou à l’annexe II de la Directive 79/409/CEE, appelée plus généralement Directive « Oiseaux ».

Les espèces à dénombrer sont majoritairement inféodées au milieu marin et présentes uniquement sur le littoral, mais certaines s’installent également à l’intérieur des terres. C’est par exemple le cas de certains goélands, qui continuent de coloniser les toits des villes ou des sites industriels, jusqu’à Paris ou Lyon.

Les périodes optimales pour les opérations de comptage des couples nicheurs varient selon les espèces. Ainsi, les recensements des colonies de cormorans huppés en Corse se font dès février-mars tandis que les colonies d’océanites tempête seront principalement prospectées en juin-juillet en Bretagne. C’est durant le mois de mai que la majorité des autres espèces sont dénombrées.

Certains oiseaux marins rares et localisés sont suivis annuellement, comme par exemple les alcidés en Bretagne (guillemot, près de 300 couples, pingouin, une trentaine de couples seulement, et macareux, 150 couples environ), le goéland d’Audouin en Corse (une centaine de couples), ou encore le goéland cendré (une cinquantaine de couples), principalement présents dans le Nord-Pas-de-Calais. Leur évolution numérique est donc bien connue. Ce n’est par contre pas le cas pour les espèces à large répartition, comme par exemple le cormoran huppé, les quatre espèces de grands goélands (marin, brun, leucophée, argenté) ou la sterne pierregarin. Ce nouveau recensement sera donc l’occasion de disposer de données actualisées sur les effectifs nicheurs et sur leur répartition géographique.

Pour le goéland argenté, les données collectées en 2009 en Normandie et en Bretagne confirment d’ores et déjà que la situation est aujourd’hui bien plus florissante en ville, où les effectifs s’accroissent, que dans le milieu naturel où les effectifs ont décliné, parfois de plus de 50 %, en l’espace d’une dizaine d’années seulement. Les goélands des villes se portent donc beaucoup mieux que les goélands des îles !…

Les falaises du cap Blanc-Nez dans le Pas-de-Calais sont devenues le site de nidification le plus important de France pour la mouette tridactyle. Les effectifs continuent de s’accroître, avec environ 1 600 couples en 2008-2009. À l’inverse, en Bretagne, autrefois bastion de l’espèce, les colonies disparaissent les unes après les autres depuis une dizaine d’années.

Sur le littoral méditerranéen, des effectifs records ont été dénombrés en 2009 pour la sterne hansel, avec 440 couples, le deuxième plus fort effectif enregistré depuis 1956. Autre fait marquant, la reproduction du goéland railleur a été enregistrée pour la première fois dans le Var, avec une colonie de l’ordre de 60 couples.

Les populations d’oiseaux marins ne cessent donc de varier dans le temps et dans l’espace. Cette nouvelle enquête permettra d’actualiser les données sur les populations françaises (environ 240 000 couples nicheurs dénombrés lors de la dernière enquête à la fin des années 1990) et de souligner les changements majeurs intervenus durant la dernière décennie : tendances démographiques et modifications des répartitions géographiques. Les causes possibles de ces changements seront également recherchées. Les résultats obtenus, comparés aux données européennes, permettront de mettre en lumière l’importance patrimoniale des populations françaises dans le contexte international et de définir les priorités en termes de conservation, d’élaboration de plans nationaux de restauration ou de création d’aires protégées pour ces espèces.

Ajoutons par ailleurs que ces oiseaux constituent des indicateurs potentiels du bon état écologique du milieu marin, les modifications de ce milieu sous l’influence de divers facteurs (variations de l’abondance des ressources alimentaires, impacts des changements climatiques, marées noires, pressions humaines, prédateurs introduits, etc.) pouvant affecter rapidement les populations d’oiseaux qui en dépendent.

Le développement d’un indice d’abondance des populations d’oiseaux marins est également prévu, comme cela se fait déjà à l’échelle nationale pour les oiseaux terrestres. Cet indice « oiseaux marins » pourra compléter les indicateurs clés de l’environnement en France déjà existants. Il s’intégrera ainsi utilement aux démarches mises en œuvre à l’échelle européenne au sein de la zone maritime concernée par la convention OSPAR, à la mise en œuvre de la directive cadre européenne « stratégie marine » ou dans la mise en place du réseau Natura 2000 sur le littoral français (ZPS marines).

2010, année internationale de la biodiversité, sera l’occasion de valoriser pour plusieurs espèces les bilans « oiseaux marins » obtenus au cours des deux premières années du recensement national. Les données collectées sur les oiseaux marins contribueront ainsi à l’évaluation de l’état de la biodiversité française.

Autre échéance prochaine, le GISOM sera présent à la 1ère conférence internationale sur les oiseaux marins, qui se tiendra à Victoria, Canada, en septembre 2010 et exposera à cette occasion les actions menées en France, notamment les recensements décennaux.


Pour tout renseignement, contacter le Secrétariat du GISOM (Bernard Cadiou) :
c/o Bretagne Vivante-SEPNB, 186 rue Anatole France, BP 63121, F-29231 BREST cedex 3,
Tél. : 02 98 49 07 18, E-mail : bernard.cadiou@bretagne-vivante.org

Liste des 28 espèces d’oiseaux marins qui se reproduisent régulièrement en France :

fulmar boréal, puffin cendré, puffin des anglais, puffin yelkouan, océanite tempête, fou de Bassan, grand cormoran, cormoran huppé, mouette mélanocéphale, mouette rieuse, goéland railleur, goéland d'Audouin, goéland cendré, goéland brun, goéland argenté, goéland leucophée, goéland marin, mouette tridactyle, sterne hansel, sterne caugek, sterne de Dougall, sterne pierregarin, sterne naine, guifette moustac, guifette noire, guillemot de Troïl, petit pingouin, macareux moine.
Cette année encore, nous participerons au recensement national des oiseaux marins nicheurs dans les falaises du Cap Blanc-Nez concernant la Mouette tridactyle le Goéland argenté, brun, marin et le Fulmar boréal et à Boulogne sur Mer mais uniquement pour la colonie "urbaine" de Mouettes tridactyles.

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