11 mai 2009

Mai...

Mai.
La construction des nids bat son plein. Les premiers œufs ne sont pas loin. Quelques écervelées auront même déjà pondu dès la fin avril. Oh, bien sûr, ce n'est pas la première activité de construction que l'on constate dans la falaise. Depuis mars, on voit des oiseaux manipuler des matériaux, en ramener de mer, des pentes proches, voire des nids voisins. Rien de sérieux toutefois, au moins jusqu'à la mi-avril..

C'est systématiquement le mâle qui initie la construction. La femelle ne le suit, et alterne équitablement avec lui, que lorsque le couple est bien formé et, mieux, bien coordonné. Ce n'est que quelques jours seulement avant la ponte, entre une quinzaine et une semaine avant, que cette activité a une réelle efficacité. En effet, tant que le couple n'est pas bien formé, et surtout bien coordonné, l'activité de construction a de fortes chances de rester vaine. Je m'explique : si les deux partenaires n'alternent pas strictement pour aller chercher les matériaux nécessaires, c'est-à-dire que l'un reste au nid alors que l'autre va faire son marché d'herbes, de terre et d'algues... si les deux sont absents simultanément, il se trouvera presque toujours un voisin qui trouvera plus simple d'aller pirater les matériaux qu'ils ont accumulé que d'aller les chercher plus loin et, a fortiori, dépenser beaucoup d'énergie pour les arracher dans les pelouses. Un nid laissé sans occupant pendant ne serait-ce que quelques minutes a tôt fait d'être dévasté par les voisins.
Au maximum de la construction, lorsque le nid commence à prendre tournure (c'est ici le cas : on voit que la coupe se creuse nettement), l'activité est frénétique. Les oiseaux amènent, chacun son tour, les matériaux récupérés ailleurs et, pendant que le partenaire va en chercher d'autres, celui qui reste au nid arrange, piétine, creuse... jusqu'au retour de l'autre. Dans la vidéo, le premier oiseau (le sexe est ici indéterminable) piétine avec ardeur, bec fermé. Puis (20 secondes) on le voit ouvrir le bec et manifester des soubresauts dits « d'étranglement », toujours bec ouvert. C'est là un comportement de propriété. On ne voit pas ce qui se passe dans le voisinage, mais il est probable soit que son partenaire, soit un autre oiseau ait approché du nid à ce moment. Quoi qu'il en soit, on voit un peu plus tard le partenaire arriver avec des algues. On sait qu'il va arriver parce que l'occupant du nid se tourne vers le large, bec ouvert : il répond par son propre « kittiwake » à celui émis par l'arrivant pour signaler son retour au nid. Ces cris sont individuels, et c'est ainsi que les partenaires se reconnaissent. Après cette arrivée, il se passe en fait peu de chose. Il est possible que le couple soit intrigué par la caméra (Philippe, tu ne devais pas être bien loin, non ?).
Texte de Jean-Yves Monnat.

Pour répondre à ta question Jean-Yves, ce nid se trouve tout en haut de la falaise, à quelques mètres du bord. Seul mon appareil photo était visible par les oiseaux que je pouvais suivre par l'intermédiaire du petit écran.

Nous te remercions beaucoup pour ta contribution.

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